« Ecrire, c`est une façon de composer sa propre musique : on arrange les mots, module son souffle, rythme sa pensée. Comme la musique, l’écriture cherche une harmonie dans le chaos du monde » 

« Dans mes livres, la dénonciation des clichés concerne autant la société européenne qu’africaine : concernée par les deux, je mesure combien il reste nécessaire de nous débarrasser des préjugés qui nous brouillent la vue, d‘un côté comme de l’autre. Le respect mutuel ne viendra que d’une meilleure connaissance réciproque. »

Fatou Diome

Biographie

Fatou Diome est née sur l’île de Niodior dans le delta du Saloum, au sud- ouest du Sénégal. Elle est élevée par sa grand-mère. Contrairement à ce qu’exigent les traditions de sa terre natale, elle côtoie les hommes plutôt que d’aller aider les femmes à assurer les tâches ménagères. En décalage avec le microcosme de l’île, elle décide d’aller à l’école en cachette jusqu’à ce que son instituteur parvienne à convaincre son aïeule qu’elle puisse être “éduquée”. Elle se passionne alors pour la littérature francophone. À treize ans, elle quitte son village pour poursuivre ses études dans d’autres villes du Sénégal tout en finançant cette vie nomade en travaillant comme bonne en Gambie. Elle finit par entamer des études universitaires à Dakar et songe à devenir professeur de français, loin de l’idée de quitter son pays natal. Mais à 22 ans, elle tombe amoureuse d’un Français, se marie et décide de le suivre en France. Rejetée par la famille de son époux, elle divorce deux ans plus tard et se retrouve en grande difficulté, abandonnée à sa condition d’immigrée sur le territoire français. Pour subsister et financer ses études, elle fait des ménages pendant 6 ans, y compris lorsqu’elle peut exercer la fonction de chargée de cours durant son DEA, fonction qui lui apporte un revenu insuffisant pour vivre. En 1994, elle s’installe à Strasbourg. Après des études de Lettres à l’Université de Strasbourg où elle présente son Doctorat ès lettres sur Le Voyage, les échanges et la formation dans l’œuvre littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane, elle enseigne à l’Université Marc Bloch de Strasbourg et à l’Institut supérieur de pédagogie de Karlsruhe, en Allemagne. Elle se consacre ainsi à l’écriture et publie La Préférence nationale, un recueil de nouvelles, aux éditions Présence africaine en 2001. Le Ventre de l’Atlantique est son premier roman, paru en 2003 aux éditions Anne Carrière. Suivent ensuite, Kétala, (2006), Inassouvies nos vies en 2008, en 2010 : Celles qui attendent, Le vieil homme sur la barque, récit (illustrations de Titouan Lamazou) et Mauve, Impossible de grandir en 2013. La France et l’Afrique forment le cadre de ses œuvres de fiction. Son style est inspiré par l’art traditionnel de narration, tel qu’il est toujours connu dans l’Afrique contemporaine. Elle écrit de façon précise et authentique, avec un humour impitoyable et un langage tranchant mais nuancé, qui la caractérisent.

Lecture-spectacle « Celles qui attendent », 2010

Interprétations : Elsa Poisot et Line Guellati 

Mise en lecture : Layla Nabulsi / Création sonore : Joachim Glaude 

« Arame et Bougna, mères de Lamine et Issa, clandestins partis pour l’Europe, ne comptaient plus leurs printemps ; chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l’absence. Coumba et Daba, jeunes épouses des deux émigrés, humaient leurs premières roses : assoiffées d’amour, d’avenir et de modernité, elles s’étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix. » La vie n’attend pas les absents : les amours varient, les secrets de famille affleurent, les petites et grandes trahisons alimentent la chronique sociale. Le visage qu’on retrouve n’est pas forcément celui qu’on attendait…

Public cible : Tout public / Adolescent·es

Thématiques abordées : Les destins contrastés entre l’Europe et l’Afrique, l’irrésistible appel de l’Ailleurs, la souffrance de ceux qui restent, l’attente des mères, des sœurs, des femmes restées au pays, les difficultés d’intégration en Europe, la clandestinité, le Sénégal, l’oppression des liens familiaux, les non-dits, l’extrême pauvreté, la survie, les stratégies des familles pour combattre la misère, le poids des traditions.