« C’est quand il y a trop de murs autour de vous, et des murs derriĂšre ces murs, que les voix tiennent une conversation avec vous pour vous empĂȘcher de basculer ».

Ananda Devi

Biographie

Ananda Devi est nĂ©e le 23 mars 1957 Ă  Trois-Boutiques et vit Ă  Ferney-Voltaire. RomanciĂšre d’origine telougou (Inde du sud) Ananda est une femme de lettres mauricienne. Elle est trĂšs vite confrontĂ©e Ă  plusieurs langues : le français, le crĂ©ole, l’anglais et le telugu. Enfant, elle commence Ă  se passionner pour l’Ă©criture en Ă©crivant essentiellement de la poĂ©sie. A 15 ans, elle remporte un concours d’Ă©criture avec l’ORTF (Radio France) qui publie sa nouvelle. 

Elle publie son premier recueil de nouvelles Ă  19 ans. Elle soutient un doctorat d’anthropologie sociale Ă  l’universitĂ© de Londres.  Dans ses romans et nouvelles, elle offre aux lecteurs une vision de l’Ăźle Maurice moins idyllique que la vision officielle transmise aux touristes. Elle a obtenu le Prix des cinq continents de la francophonie et le prix RFO avec son roman Ève de ses dĂ©combres en 2006. En 2007, Indian tango est sur la liste des  Prix FĂ©mina et France TĂ©lĂ©visions. En 2010, son remarquable Sari vert reçoit le Prix Louis Guillou. Ananda Devi est faite Chevalier des Arts et des Lettres en 2010. Elle Ă©crit de nombreux romans et nouvelles : Solstices (1977), Le Poids des ĂȘtres (1987), Rue la PoudriĂšre (1988), Le Voile de Draupadi (1993), La Fin des pierres et des Ăąges (1993), L’Arbre-fouet (1997), Moi, l’interdite (2000), Les Chemins du long dĂ©sir (2001), Pagli (2001), Soupir (2002), Le Long DĂ©sir (2003), La Vie de JosĂ©phin le Fou (2003), Eve de ses dĂ©combres (2006), Indian Tango (2007), Le Sari vert (2009), Quand la nuit consent Ă  me parler (2011), Les hommes qui me parlent (2011), Les Jours vivants (2013), L’Ambassadeur triste (2015).

Lecture-spectacle « Eve de ses décombres », 2006

InterprĂ©tations : Elsa Poisot et Line Guellati 

Mise en lecture : Layla Nabulsi

  â€œJe suis Sadiq. Tout le monde m’appelle Sad. Entre tristesse et cruautĂ©, la ligne est mince. Eve est ma raison, mais elle prĂ©tend ne pas le savoir. Quand elle me croise, son regard me traverse sans s’arrĂȘter. Je disparais. Je suis dans un lieu gris. Ou plutĂŽt brun jaunĂątre, qui mĂ©rite bien son nom : Troumaron. Troumaron, c’est une sorte d’entonnoir ; le dernier goulet oĂč viennent se dĂ©verser les eaux usĂ©es de tout un pays. Ici, on recase les rĂ©fugiĂ©s des cyclones, ceux qui n’ont pas trouvĂ© Ă  se loger aprĂšs une tempĂȘte tropicale et qui, deux ou cinq ou dix ou vingt ans aprĂšs, ont toujours les orteils Ă  l’eau et les yeux pĂąles de pluie.  » Par Sad, Eve, Savita, ClĂ©lio, ces ados aux destins cabossĂ©s pris au piĂšge d’un crime odieux, et grĂące Ă  son Ă©criture Ă  la violence contenue au service d’un suspense tout de finesse, Ananda Devi nous dit l’autre Ăźle Maurice du XXIe siĂšcle, celle que n’ignore pas seulement les dĂ©pliants touristiques.

Public cible : Tout public / Adolescents

ThĂ©matiques abordĂ©es : L’extrĂȘme pauvretĂ©, la souffrance et la violence de la misĂšre, la prostitution, la survie, l’amour de la littĂ©rature, la poĂ©sie, l’exubĂ©rance de la jeunesse, les bandes, l’écart entre la pauvretĂ© et le bling-bling du tourisme, la ville et la citĂ©, l’espoir de s’en sortir.

Lectur-spectacle « Manger l’autre », 2018

InterprĂ©tations : Elsa Poisot et Line Guellati 

Mise en lecture : Layla Nabulsi

  Une jeune adolescente, nĂ©e obĂšse, mange, grossit et s’isole. Sa mĂšre s’enfuit, horrifiĂ©e par son enfant. Ses camarades de classe la photographient sans rĂ©pit pour nourrir le grand ƒil d’internet. Son pĂšre, convaincu qu’elle aurait dĂ©vorĂ© in utero sa jumelle, cuisine des heures durant pour nourrir « ses princesses ». Seule, effrayĂ©e par ce corps monstrueux, elle tente de comprendre qui elle est vraiment. Quand elle rencontre par accident l’amour et fait l’expĂ©rience d’autres plaisirs de la chair, elle semble enfin ĂȘtre en mesure de s’accepter. Mais le calvaire a-t-il une fin pour les ĂȘtres « diffĂ©rents » ? Conte de la dĂ©voration et roman de l’excĂšs, Manger l’autre est une allĂ©gorie de notre sociĂ©tĂ© avide de consommer, obsĂ©dĂ©e par le culte de la minceur et de l’image conforme. Avec force, virtuositĂ©, et humour, Ananda Devi brise le tabou du corps et expose au grand jour les affres d’un personnage qui reflĂšte en miroir notre monde violemment intrusif et absurdement consumĂ©riste.

Public cible : Tout public / Adolescents

ThĂ©matiques abordĂ©es : L’obĂ©sitĂ©, le harcĂšlement, les rĂ©seaux sociaux, le rapport au corps, la relation fille/pĂšre, le lien Ă  la nourriture, la reprĂ©sentation des corps sublimĂ©es, la diffĂ©rence, le suicide.  

Lecture-spectacle « Le sari vert », 2009

InterprĂ©tations : Elsa Poisot et Line Guellati 

Mise en lecture : Layla Nabulsi

“Celui qu’on dit monstre est l’expression la plus achevĂ©e de l’espĂšce. Celui que l’on dit monstre est terrifiant de beautĂ© plutĂŽt que d’ĂȘtre terrifiant tout court parce qu’il dĂ©cĂšle avec une finesse inhumaine les failles des autres et les Ă©largit et les aggrave, et il devient ainsi cet idĂ©al de sombre masculinitĂ© que les mythologies prĂȘtent aux dieux et aux dĂ©mons. Quelle merveilleuse sensation que de plier une crĂ©ature Ă  sa volontĂ© !” Dans une maison sur l’Ăźle Maurice, un vieux mĂ©decin Ă  l’agonie est veillĂ© par sa fille et par sa petite-fille. Entre elles et lui se tisse un dialogue d’une violence extrĂȘme, oĂč affleurent progressivement des Ă©lĂ©ments du passĂ©, des souvenirs, des reproches, et surtout la figure mystĂ©rieuse de la mĂšre de Kitty, l’Ă©pouse du “Dokter-Dieu”, qui a disparu dans des circonstances terribles. Elles ne le laisseront pas partir en paix.

Public cible : Tout public 

Thématiques abordées : la maltraitance, les violences conjugales et familiales, la vengeance.