Le travail de mise en voix de textes littéraires est un travail sur le fil qui consiste à donner à entendre des mots conçus pour être lus et donc donner à faire fonctionner l’imaginaire des auditeurs/spectateurs en restituant le rythme de l’écriture, le climat et le sens donné aux mots par l’auteur, l’autrice en l’occurence, de façon à faire naître des images uniquement par la parole, sans l’appui d’une scénographie, ou alors, très minimaliste.
Les univers des autrices choisies sont tous très différents, leurs écritures aussi: lyriques, poétiques, minimalistes, cliniques, introspectives, descriptives…elles ont en commun de relayer le cri de celles et ceux dont la voix demeure inaudible: les personnes d’origine immigrée* , les pauvres, les noirs.
(Les noirs, comme on les appelle encore, ont cette particularité d’avoir à souffrir du mépris et du racisme sur l’ensemble des 6 continents, y compris en Afrique du Nord. C’est d’autant plus interpellant que noirs, il n’y a pas si longtemps à l’échelle de l’existence de la Terre, nous l’étions tous. Curieusement, la plupart des enfants et des adultes qui peuplent cette planète ne sont pas au courant.)
Faire entendre ces sept textes relève du défi, mais le jeu en vaut la chandelle. D’abord parce que ces sept textes sont tous écrits de mains de maîtresses. Six racontent avec force le sort réservé dans le monde aux hommes et aux femmes d’origine africaine, à savoir ceux et celles qui continuent, au fil des siècles, à subir le mépris des cultures dominantes.
Le septième, non moins puissant, imagine la vie, autarcique malgré eux, de jeunes pauvres dans un quartier délaissé.
L’initiative de Line et Elsa est donc salutaire, d’autant plus par les temps qui courent (bien qu’ils n’aient jamais cessé de courir). Elles s’emploient à faire résonner ces textes en en extrayant la substantifique moelle. Puissions-nous vous donner envie d’en découvrir d’autres qui rendent chair et âme à ces êtres enfermés dans des concepts tels que: migrants, réfugiés, immigrés, clandestins, pauvres.
Layla Nabulsi
(Immigrée: septième continent, qui a l’incontinence pour caractéristique première)
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