Yanick Lahens est née à Port-au-Prince en 1953. Elle fait ses études secondaires et supérieures en France, avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature à l’université d’État jusqu’en 1995. Longtemps professeur, mais aussi journaliste – elle a collaboré à différentes revues et a animé l’émission « Entre nous » sur Radio Haïti Inter –, elle consacre aujourd’hui une grande partie de son temps au développement social et culturel de son pays. Après avoir coordonné un temps les activités d’une plateforme de la société civile, son action a été saluée en 2007 par le Collectif féminin haïtien, elle est désormais cofondatrice de « l’Association des écrivains haïtiens », qui lutte contre l’illettrisme.
Elle a également créé, en 2008, « Action pour le changement » (APC), destiné à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable, à les sensibiliser à des questions d’intérêt national et à renforcer le lien social, notamment à travers la réalisation de courts-métrages. Cette fondation a aussi permis la construction de quatre bibliothèques supplémentaires en Haïti. Aujourd’hui membre du « Conseil international d’études francophones », elle a également fait partie du cabinet du ministre de la Culture de Raoul Peck, entre 1996 et 1997. En 1998, elle a dirigé le projet « la Route de l’esclavage » qui s’intéressait à la problématique de l’esclavage en Haïti, à travers les sciences et les arts.
En 2014, elle s’est vu décerner le titre d’officier des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France en Haïti. Grande figure de la littérature haïtienne. Elle a reçu en 2011 le prix d’Excellence de l’Association d’études haïtiennes pour l’ensemble de son œuvre. Elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne dans chacun de ses livres. Elle est l’auteur d’essais, entre autres, L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (1990) et de nouvelles, notamment Tante Résia et les Dieux (1994). En 2000, paraît aux éditions du Serpent à plumes son premier roman, Dans la maison du père. Elle publie en 2003, La petite corruption, en 2008 La Couleur de l’aube, qui est distingué par plusieurs prix : prix du livre RFO 2009, prix littéraire Richelieu de la Francophonie 2009, prix Millepages 2008.
En 2010 son récit Failles, inspiré du séisme qui a frappé Haïti la même année. Puis, en 2013, Guillaume et Nathalie rencontre une très bonne réception critique : il obtient le prix Carbet des lycéens 2014 et le prix Caraïbes de l’ADELF 2013. En septembre 2014, elle publie Bain de lune, son grand roman de la terre haïtienne, fruit de plusieurs années de travail et qui obtient le Prix Femina.
La petite corruption
Dans une écriture ciselée et surtout implacable de lucidité, Yanick Lahens brosse sans complaisance le portrait de certaines réalités caribéennes. Avec pour toile de fond la mer, omniprésente, elle esquisse un univers essentiellement féminin, et campe des héroïnes fortes, au courage malheureux, aux prises avec les affres du désir, des espoirs trop souvent déçus, des illusions tragiques et des désastres banals. Cette dizaine de nouvelles témoigne non seulement de l’acuité de son regard mais également de son impressionnante maîtrise d’un genre littéraire exigeant et tenu à tort pour mineur.
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